
SARS-CoV-2 chez le personnel de santé au Cameroun : Prévalence, risques et leçons pour l’avenir
mai 31, 2024
Trophée de la collaboration CIRCB-CERAC
août 19, 2024Introduction
Au Cameroun, les infections virales comme l’hépatite B (HBV) et l’hépatite delta (HDV) représentent un enjeu majeur de santé publique, en particulier chez les femmes enceintes. Une étude récente menée dans la région du Centre révèle des chiffres préoccupants sur la co-infection HBV/HDV et ses risques de transmission mère-enfant. Ces résultats soulignent l’urgence de renforcer la prévention et la sensibilisation.
Une prévalence alarmante du HDV chez les femmes enceintes
L’étude, réalisée entre 2019 et 2022 auprès de 1 992 femmes enceintes, a détecté un taux de 6,7 % d’infections par le HBV. Parmi ces dernières, 32,3 % étaient également porteuses du HDV, un virus qui ne peut se répliquer qu’en présence du HBV et qui aggrave considérablement les risques de complications hépatiques. Plus inquiétant encore, près de la moitié (47,6 %) des femmes co-infectées présentaient une charge virale HDV détectable, ce qui accroît le risque de transmission verticale (mère-enfant).
Facteurs de risque : tatouages, grossesses multiples et faible vaccination
Plusieurs facteurs augmentent significativement le risque d’infection par le HDV :
- Les grossesses multiples (les femmes ayant eu plus de 5 enfants étaient plus souvent infectées).
- Les tatouages et scarifications, courants dans certaines communautés.
- Les antécédents chirurgicaux, probablement liés à des expositions nosocomiales.
Autre constat inquiétant : seulement 2,8 % des femmes avaient reçu les trois doses du vaccin contre l’hépatite B, malgré son inclusion dans le Programme élargi de vaccination (PEV) camerounais depuis 2005.
Un manque criant de sensibilisation et de dépistage
L’étude révèle également une méconnaissance généralisée des modes de transmission :
- 81,7 % des femmes n’avaient jamais été dépistées pour le HBV avant cette étude.
- Seulement 27,8 % des femmes HBV+ connaissaient le statut sérologique de leur partenaire.
Ces lacunes favorisent la propagation silencieuse du virus, d’autant que les zones rurales sont les plus touchées (9,9 % de prévalence du HBV contre 5,1 % en milieu urbain).
Conclusion : agir maintenant pour éviter une crise sanitaire
Les résultats de cette étude appellent à une action urgente :
✅ Renforcer la vaccination contre le HBV dès la naissance.
✅ Sensibiliser les femmes enceintes sur les risques du HDV et les modes de transmission.
✅ Étendre le dépistage systématique du HBV et du HDV dans les consultations prénatales.
Sans mesures concrètes, le Cameroun risque de faire face à une augmentation des cirrhoses et des cancers du foie liés à ces co-infections. La lutte contre l’hépatite D passe avant tout par un meilleur contrôle de l’hépatite B.
Sources :
Ndzie Ondigui, J.-L. et al. (2024). Prevalence and risk factors of transmission of hepatitis delta virus in pregnant women in the Center Region of Cameroon. PLoS ONE.
Cet article est une synthèse vulgarisée d’une étude scientifique. Pour plus de détails, consultez la publication originale.
Lien vers l’article Içi




