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juin 22, 2023Atelier international de Virologie : « Prise en charge du VIH en contexte post Covid-19 et à l’ère de la Couverture santé universelle au Cameroun »
juillet 17, 2023Introduction
Au Cameroun, comme dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, les traitements antirétroviraux (ARV) ont considérablement amélioré la prise en charge du VIH. Cependant, leur efficacité est menacée par l’émergence de résistances avant même le début du traitement, un phénomène appelé résistance pré-traitement (PDR). Une étude menée entre 2014 et 2019 dans huit régions du Cameroun révèle des chiffres préoccupants et des disparités géographiques qui pourraient remettre en question les schémas thérapeutiques actuels.
Des résistances inquiétantes, surtout aux NNRTI
L’étude, publiée dans la revue Viruses, a analysé 379 échantillons de patients naïfs de tout traitement antérieur. Les résultats montrent un taux national de résistance pré-traitement de 15 %, avec des variations importantes selon les régions :
- Extrême-Nord : 27,5 % (le taux le plus élevé)
- Est : 26,1 %
- Nord : 9,8 % (le plus bas)
La classe d’antirétroviraux la plus touchée est celle des inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse (NNRTI), avec 12,4 % de résistance. Parmi eux, l’Efavirenz (EFV) et la Névirapine (NVP), deux médicaments clés des traitements de première ligne, affichent un taux de résistance de 7,9 %. Deux régions (Extrême-Nord et Est) dépassent même le seuil critique de 10 % fixé par l’OMS, ce qui pourrait compromettre l’efficacité des traitements standards.
Une diversité génétique importante, mais sans impact sur la résistance
L’étude a également exploré la diversité génétique du VIH-1 au Cameroun. Résultat : 18 souches différentes ont été identifiées, avec une forte prédominance de la forme recombinante CRF02_AG (65,4 %). Cependant, contrairement à ce qu’on pourrait craindre, cette diversité n’a pas d’influence significative sur le développement de résistances.
Autre constat : les zones urbaines présentent des taux de PDR plus élevés (26,7 %) que les zones rurales (12,8 %), probablement en raison d’un accès plus ancien et plus large aux ARV dans les villes.
Le Dolutégravir, une alternative plus efficace que l’Efavirenz
Face à ces résistances, l’étude a comparé l’efficacité prédictive de deux schémas thérapeutiques :
- TDF + 3TC + EFV (TLE) : 92 % d’efficacité
- TDF + 3TC + DTG (TLD) : 98,4 % d’efficacité
La supériorité du Dolutégravir (DTG) est particulièrement nette dans les régions où la résistance aux NNRTI est élevée. Par exemple, dans l’Extrême-Nord, le TLD conserve une efficacité de 100 %, contre seulement 85 % pour le TLE. Ces résultats confirment les recommandations de l’OMS, qui préconise une transition rapide vers des traitements à base de DTG dans les pays où la résistance à l’Efavirenz dépasse 10 %.
Conclusion : Vers une adaptation urgente des traitements
Cette étude souligne l’urgence d’adapter les stratégies thérapeutiques au Cameroun, en particulier dans les régions où la résistance aux NNRTI est critique. Le Dolutégravir apparaît comme une solution plus robuste, mais sa mise en œuvre doit s’accompagner d’une surveillance renforcée pour éviter l’émergence de nouvelles résistances.
Enfin, l’absence de lien entre diversité génétique et résistance est une bonne nouvelle : elle signifie que les traitements peuvent être optimisés sans tenir compte des sous-types viraux, simplifiant ainsi leur déploiement à grande échelle.
Source : Fokam, J. et al. (2023). « Pre-Treatment HIV Drug Resistance and Genetic Diversity in Cameroon: Implications for First-Line Regimens. » Viruses, 15(7), 1458.
Pourquoi est-ce important ?
- Santé publique : Ces données aident à ajuster les politiques nationales de traitement du VIH.
- Efficacité des médicaments : Le passage au Dolutégravir pourrait améliorer les résultats thérapeutiques.
- Équité régionale : Les disparités géographiques appellent des interventions ciblées.
Restez informés pour suivre l’évolution de ces recommandations dans les mois à venir.




