
Forte résistance aux antirétroviraux chez les patients VIH au Cameroun : Quelles implications pour l’avenir ?
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août 10, 2023L’infection par le VIH-1 et son traitement antirétroviral (ART) ont des effets complexes sur l’organisme, y compris sur des fluides biologiques comme la salive. Une étude récente menée à Yaoundé, au Cameroun, s’est penchée sur les changements biochimiques dans la salive des patients sous ART. Les résultats révèlent des variations significatives, influencées par le type de traitement, sa durée et même le sexe du patient.
Les principaux résultats de l’étude
L’étude a comparé 51 patients VIH-1 sous traitement à 51 personnes séronégatives. Voici ce qu’elle a révélé :
- Diminution de certains composés : Les patients sous ART présentaient des niveaux plus bas de potassium, phosphore, albumine et créatinine dans leur salive par rapport aux sujets sains.
- Augmentation d’autres marqueurs : Le sodium et le glutathion réduit (un antioxydant) étaient plus élevés chez les patients traités.
- Impact du protocole ART : Les patients sous TLD (Ténofovir/Lamivudine/Dolutégravir) avaient une activité alpha-amylase plus forte et moins de malondialdéhyde (MDA, un marqueur de stress oxydatif) que ceux sous TLE (Ténofovir/Lamivudine/Efavirenz).
Autre découverte intéressante : la capacité antioxydante totale était plus élevée chez les hommes que chez les femmes, suggérant que le VIH et son traitement pourraient affecter différemment les systèmes de défense selon le sexe.
Pourquoi ces changements sont-ils importants ?
La salive joue un rôle clé dans la protection de la bouche et la digestion. Des altérations dans sa composition pourraient avoir des implications sur :
- La santé bucco-dentaire : Des niveaux réduits d’albumine et de minéraux pourraient affecter la protection contre les infections orales.
- L’efficacité du traitement : Le MDA, un indicateur de stress oxydatif, était plus bas chez les patients sous TLD, ce qui pourrait refléter une meilleure réponse au traitement.
- Le suivi des patients : La salive pourrait servir de source non invasive pour évaluer l’impact de l’ART, notamment dans les pays où les tests sanguins sont moins accessibles.
Trois chiffres clés à retenir
- 84,3 % des patients de l’étude étaient sous TLD, le protocole antirétroviral privilégié au Cameroun.
- 56,9 % avaient une charge virale indétectable (<40 copies/ml), montrant l’efficacité globale du traitement.
- 197,9 μmol/l vs 145,6 μmol/l : La différence de capacité antioxydante entre hommes et femmes sous ART, soulignant un possible effet hormonal.
Conclusion
Cette étude met en lumière l’impact méconnu des traitements VIH sur la salive et ouvre la voie à de nouvelles recherches sur les biomarqueurs salivaires. Dans des contextes où les ressources médicales sont limitées, de tels indicateurs pourraient aider à mieux adapter les thérapies et surveiller leurs effets secondaires.
Source : Teto et al. (2023), Fortune Journal of Health Sciences.




