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En janvier et février 2022, le Cameroun a accueilli la 33e Coupe d’Afrique des Nations (CAN), l’un des plus grands événements sportifs du continent. Dans un contexte de pandémie de COVID-19, les autorités sanitaires ont mis en place un dépistage obligatoire du SARS-CoV-2 pour les supporters souhaitant accéder aux fan zones. Une étude récemment publiée dans The American Journal of Tropical Medicine and Hygiene revient sur cette initiative, ses résultats et les défis rencontrés.
Contexte : Un événement massif en pleine pandémie
Avec plus de 250 000 visiteurs internationaux attendus et une couverture vaccinale encore faible au Cameroun (2,9 % en février 2022), le risque de propagation du virus était élevé. Pour limiter les infections, le ministère de la Santé a imposé un pass sanitaire (vaccination complète + test négatif de moins de 48 heures) pour accéder aux stades et fan zones. Des tests antigéniques rapides (Ag-RDT) gratuits ont été proposés aux entrées, avec confirmation par PCR pour les cas positifs.
Résultats : Détection limitée mais surveillance efficace
Sur 4 820 personnes testées dans les fan zones de Yaoundé et Douala :
- 148 tests antigéniques positifs (3,1 %), dont seulement 64 confirmés par PCR.
- 19 cas PCR positifs détectés, soit un taux de 40,1 cas pour 10 000 personnes.
- 100 % des échantillons séquencés correspondaient au variant Omicron (B.1.1.529), dominant à cette période.
Cependant, plusieurs limites ont été observées :
- Faible acceptation des tests PCR après un dépistage positif (seulement 43 % des éligibles).
- Discordances entre tests antigéniques et PCR, notamment à Douala, en raison de problèmes de qualité (températures élevées, non-respect des protocoles).
- Relâchement des contrôles en cours de tournoi sous la pression des supporters et des acteurs économiques.
Défis et enseignements pour les futurs événements
L’étude met en lumière plusieurs obstacles :
- Logistique et temps d’attente : Les files d’attente avant les matchs décourageaient les supporters, conduisant à un faible taux de dépistage (seulement 12,7 % des fans attendus).
- Pression économique : Les commerçants et gestionnaires des fan zones ont fait pression pour assouplir les règles, réduisant l’efficacité des mesures.
- Qualité des tests : Des écarts dans l’application des protocoles ont affecté la fiabilité des résultats.
Recommandations pour les prochains événements :
- Impliquer les parties prenantes locales (commerçants, organisateurs) dès la planification.
- Optimiser les flux de dépistage pour réduire les temps d’attente.
- Renforcer la formation et le contrôle qualité des équipes de test.
Conclusion : Une expérience utile pour les futures crises sanitaires
Bien que le dépistage obligatoire n’ait pas été pleinement efficace, cette initiative a permis d’identifier des cas asymptomatiques et de surveiller les variants en circulation. Elle souligne l’importance d’une approche mieux préparée et coordonnée pour les grands rassemblements en période épidémique.
Source : Tchounga BK et al. Implementing SARS-CoV-2 Testing during a Large-Scale Sporting Event in Africa: Lessons Learned from the Africa Football Cup of Nations Tournament in Cameroon. Am J Trop Med Hyg. 2024.
Cet article est une adaptation synthétique de l’étude originale. Pour plus de détails, consultez la publication complète içi.